Mon goût pour les arts martiaux n'est pas tout à fait un secret (j'adore le kung fu). Il faudra juste que je passe à la pratique un jour. C'est une sorte de rêve que je repousse sous des prétextes fallacieux. Aujourd'hui, démonstration et cours de karaté en pédiatrie ! Vous vous dîtes que ça y est, je divague... Et pourtant, non.

3 ceintures noires, bénévoles d'une association, sont venues présenter leur art aux enfants.

J'étais sceptique au départ, je dois l'avouer. Avec les perfs, les fauteuils, les machines, la fatigue... du sport et qui plus est du karaté à l'hôpital ? Mais où va-t-on?

Eh bien, cet après-midi, j'ai entièrement changé d'avis :

1- essais : tout le monde a pu essayer les techniques de blocage: les plus valides debout, les plus faibles assis : rien qu'avec les bras, l'exercice est intéressant.

2- ceux qui restaient spectateurs ont en définitive été dans le même rôle que moi. et malgré la légère frustration de ne pas s'essayer debout aux figures, attaques et parades, c'était avant tout un plaisir des yeux et des oreilles: regarder les autres, entendre les consignes et les conseils; apprendre en observant.

Tous ont pu y trouver un intérêt. Et parler de défense dans une cour de récréation, ça parle à tout le monde, non ?

3- démonstration et plaisir de voir les katas exécutés par les sportifs.

Résolutions prises après cet après-midi:

1- Je vais inscrire mes enfants à moi à un cours d'art martial

2- J'ai désormais en tête de faire participer mes élèves de l'an prochain à un projet karaté ou judo avec l'USEP. Je pense qu'ils nous enseignent le respect et améliorent notre perception du corps.

“Si tu donnes un poisson à un homme, il mangera un jour.

Si tu lui apprends à pêcher, il mangera toujours.”

Un élève, adolescent de 14 ans, qui vient du service de neuro m'a demandé avec sa délicatesse d'expression et de gestes habituelle comment on devenait maître d'école et maîtresse ici, pour me dire enfin que "finalement, en me voyant à l'oeuvre, ça avait l'air génial d'enseigner". C'est un élève qui a eu des crises d'épilepsie  très impressionnantes et un recul soudain de ses compétences intellectuelles ( baisse brutale et très importante de mémoire, difficultés d'attention...) Cette semaine, il retrouve confiance en lui et envie. Aujourd'hui, il a été l'assistant de classe et a rempli son rôle avec beaucoup de sérieux. Il nous a dit apprécier l'atmosphère ici.

Comme j'ai en détestation les portes closes, les cases qui étriquent, les jugements péremptoires, et me refuse au fatalisme ambiant, je veux croire qu'il pourra être à ma place un jour.

Aujourd'hui, il faisait très beau cependant...

J'ai depuis peu cousu une poche à sourires dans mon jean. Elle ressemble au sac de Mary Poppins.

Elle a impressionné S. qui avait eu un gros chagrin, ce type de chagrin-colère qui se termine en boule dans un couloir de pédiatrie. Cette petite fille ne reçoit plus aucune visite et est complètement abandonnée par sa famille. Mais ma poche est une rareté. S. m'a dit qu'elle, elle savait qu'elle était vraiment magique! Nous n'avons pas arrêté de l'utiliser tout en regagnant la chambre. Nous l'avons montrée à ceux que nous avons croisés.

Evidemment, ils étaient sceptiques au début. Mais une démonstration a suffi. J'ai adoré les petites joues de S, gonflées de sourires et disant encore entre deux rires étouffés lorsqu'il s'agissait de redevenir sérieuse " encore, regardez!!".

Je devrais mettre ce jean quand je vais sur mon autre poste.

La sortie de fin d'année, hier, avec le soleil pour chantre, ressembla soudain à ce tableau de Van Gogh :